23 avril 2020 —— Jean-Marc Warszawski.
Leuven Chansonnier, Sollazzo ensemble, chansons de la fin du XVe sièle. Passacaille et Ambronay Éditions 2019 (AMY 054 ; PAS 1054).
Enregistré en janvier 2019 à AMUZ, Bruxelles.
En 2016, la fondation Alamire, institut consacré aux musiques flamandes depuis le bas moyen-âge jusqu’à 1800, acquérait grâce au fonds Léon Courtin-Marcelle Bouché de la fondation roi Baudouin, un petit recueil de chansons manuscrites à trois voix, daté de fin quinzième siècle. Un format de poche de 95 folios, en parfait état intérieur, avec une couverture parée de brocart, fatiguée, demandant à être restaurée. Provenant certainement de la vallée de la Loire, ayant appartenu aux Ducs de Savoye-Nemours, étant à Paris dans les années 1910-1930, on lui donné le nom de « Chansonnier de Louvain », lieu de sa conservation actuelle à la fondation Alamire.
Ces chansons ne portent pas de noms d’auteur, mais par connaissance et recoupement avec d’autres recueils et manuscrits, une grande partie a été identifiée. Parmi ces quarante-neuf chansons, d’auteurs essentiellement flamands, plus un Ave Regina celorum de l’anglais Walter Frye, douze étaient encore inconnues.
On comprend la curiosité des musiciens. Ce sont ceux de l’ensemble Sollazzo qui ont eu le plaisir d’enregistrer quatorze de ces chansons, dont quatre des douze nouveautés, si on peut dire.
Formé à Bâle en 2014 par la vielliste Anna Danilevskaia, cet ensemble a remporté plusieurs concours de musique ancienne et séduit la presse spécialisée par deux enregistrements, Parle qui veult (Linn Records 2017) et En seumeillant (Ambronay Éditions 2018). Ces musiciens ayant étudié au Japon, en Catalogne, en France, se sont croisés à la Schola Cantorum Basiliensis. Ils sont depuis 2018 associés au Centre culturel de rencontre d'Ambronay.
Ce cédé ravira sans aucun doute les amateurs du genre, le style est épuré, clair, pur, projeté, une esthétique assez britannique. Mais malgré les qualités d’interprétation et d’exécution, on ne peut dire que ce chansonnier le Louvain apporte quelque nouveauté tant historique que musicale, au-delà d’ajouter douze chansons au répertoire.
Perrine Devilliers (soprano), Yukie Sato (soprano), Vivien Simon (ténor); Johanna Bartz (traverso), Sofia Danilevskaia (vièle), Anna Danilevskaia (vièle et direction).
Anonyme, Henri Phlippet, no 50 du chansonnier de Louvain et chanson connue par cette seule source, plage 10.1. Anonyme, Helas l’avoy je desservy.
2. Michelet, S'il advient que mon dueil me tue.
3. Johannes Ockeghem, Ma bouche rit et ma pensée pleure.
4. Johannes Ockeghem, Fors seullement l’actente que je meure.
Giles Binchois ou Guillaume Dufay, Je ne vis onques la pareille.
6. Anonyme, Tant est mignonne ma pensée.
7. Anonyme, J'ay pris amours a ma devise.
8. Johannes Ockeghem, D’un autre amer mon cueur s’abesseroit.
9. Anonyme Unique, Escu d’ennuy seme de plours.
10. Anonyme Unique, Henri Phlippet.
11. Anonyme Unique, J’ay des semblans tant que je vueil.
12. Giles Mureau, Je ne fays plus, je ne dys ne escrips.
13. Anonyme, Ravy d’amours despourveu de bon sens.
14. Anonyme Unique, Tousdis vous voit mon souvenir.
Jean-Marc Warszawski
23 avril 2020
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